Une étude réalisée par
Jérôme Cuny
IDH21, Paris, France
Timothée Parrique
School of Economics and Management, Lund University, Sweden
Résumé
« La France a prouvé que nous pouvions découpler croissance et émission de gaz à effet de serre. Entre 2005 et 2018, notre pays a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de près de 20 % tandis que sa richesse nationale augmentait de 15 %. » Bruno Le Maire, Linkedin, Novembre 2023.
Cette récente déclaration du Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle résonne avec ce travail d’analyse de la relation entre le PIB et les émissions territoriales de CO2 de l’Union Européenne sur les 30 dernières années.
Depuis 1990, la seule période au cours de laquelle, les émissions de CO2 ont diminué significativement (-2,7%/an en moyenne) est entre 2007 et 2014, lorsque la croissance du PIB de l’Union Européenne est passé en dessous de 1% (+0,62%/an en moyenne).
Idem pour la France, -2,1%/an en de diminution des émissions de CO2 pour une croissance de +0,72%/an entre 2007 et 2014. Avant et après, la croissance est au-dessus de 1%/an et les émissions diminuent très lentement : -0,1%/an entre 1990 et 2006 pour la France.
Lorsque l’on décompose l’évolution des émissions de CO2 avec l’équation de Kaya, on observe que l’intensité énergétique du PIB (quantité d’énergie nécessaire pour créer de la valeur ajoutée) et le contenu carbone de l’énergie (notre niveau de dépendance aux énergies fossiles) diminuent trop lentement. Dès que la croissance du PIB dépasse 1%, elle efface les faibles réductions d’émission générées par ces 2 facteurs. Une sorte d'effet rebond.
Si nous souhaitons atteindre le bel objectif européen de -55% d’émissions de CO2 en 2030 par rapport à 1990, il faudrait que l’intensité énergétique du PIB diminue 2 fois plus vite ET le contenu carbone de l’énergie 4 fois plus vite que dans la décennie précédente.
